Extrait du caravansérail au col de l’amour

extrait du choix de Firuz
Roman initiatique au Moyen Âge et en Orient soufi

Extrait de mon nouveau livre : le choix de Firuze.

5 sens éditions.

Extrait : la caravane

Vers le caravansérail oriental et soufi
Roman d’amour
Dans les montagnes d’Iran, à haute altitude, une petite ville subit les assauts du froid. Ses murs sont surélevés au souvenir des invasions mongoles. Les habitants patientent l’hiver devant l’âtre, par divers artisanats et de longues veillées. Les caravanes ne passeront pas ! Le bazar attendra le printemps pour fleurir de marchandises. Malgré la neige abondante, un vieillard, presque nu et la peau virant au violet, se tient au-dehors. Le corps embrasé de la chaleur du présent. Après une longue vie d’errance, il revient chez lui pour renaître à nouveau. Avant de pénétrer l’enceinte de la cité et honorer ce qui lui reste de parenté, il chante au vent du silence le contentement. Il prend son grand tambour, le bat en un son ininterrompu et fredonne un poème.

Al-Jîlânî

Louable est mon ivresse, licite est le nectar, dont la vigne et son fruit n’ont pas eu de part. À la coupe divine où je portai mes lèvres, l’unique goutte bue, en mon âme soulève une extase dont le feu ne s’éteindra jamais. L’Amour ! lorsqu’il atteint le cœur d’un amoureux, fait que la nuit obscure, pour lui, devient clarté.

Danse

Sur la route de Bagdad à Ilam, en pays Kurde, un vieil homme, habillé d’une tunique en laine écrue, coiffé d’un turban blanc et torsadé autour d’un couvre-chef vert, dansait gracieusement. Les bras levés vers le ciel, en un mouvement continuel, il tournait sur la terre nue où gisaient son bâton de pèlerin et sa besace en toile tissée de rouille. Les monts du Zagros s’illuminaient dans le levant; le voile blême de l’aube s’étirait, au jour naissant, en de longues traînées safran s’estompant peu à peu sous l’effet du soleil incandescent. Alors que la douce brise de l’orient soufflait dans le matin aride, aucun nuage de pluie ne s’annonçait pour rafraîchir l’été torride. La terre avait soif de la rosée qui se faisait languir. Les plantes espéraient la pluie. Tourbillonnant avec douceur, telle une feuille tombant doucement à la fin de sa vie, le danseur envoyait son chant à la nature en réveil, jusqu’à la cime élevée du pic Kabir Kuh.

Extrait : la rivière

Les yeux mi-clos, l’homme fixait imperturbablement le désert de sable et de pierres. La rivière d’animaux poursuivit son cours, en se déversant de part et d’autre du rocher vivant ; en le frôlant, les convoyeurs frémirent de superstition. L’Iranien dit à son voisin : « Nous a-t-il même entendus ? »
Alim laissa passer les bêtes chargées de lourdes jarres. Huile, amphores de musc, balles de soie, bouteilles de camphre, boites de muscade, caisses de safran et poches d’oranges précautionneusement fixées sur leurs flancs. Parmi les blatèrements des chameaux, rehaussés des cris des caravaniers, il surprit le regard brillant, doux et ébène d’une femme. Il resta paralysé par sa beauté et ses iris de jais. De son côté, Firuze sourit timidement à celui qu’elle avait eu de cesse de dévorer du regard, durant le long voyage depuis Ilam. Alim plongea dans le reflet ambré des deux lunes enflammées.

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