Roman initiatique le chant du tambour

roman initiatique le chant du tambour, Jean-Luc Bremond
Roman initiatique sur le voyage d’un jeune algonquin du Canada

5 sens éditions

Roman d’apprentissage dans le Nord canadien. Une fiction sur la quête et la mission d’un jeune amérindien. Tel Achak, trouvez votre route au son du tambour.

Résumé

Alors que sévit la Grande Guerre en Europe, un jeune Algonquin de treize ans doit entreprendre sa quête de vision. Cependant son père, homme-médecine, a d’autres projets. Il l’envoie en mission pour interpeler ceux qui menacent son peuple et pour que s’accomplissent les prophéties. Il doit pour cela faire un tambour, c’est en le battant qu’il trouvera sa destination. Commence alors un voyage initiatique et périlleux; dans les couleurs des quatre points cardinaux avec comme guide le chant du tambour.

roman initiatique le chant du tambour, Jean-Luc Bremond
Au bord du Saint-Laurent

À propos de ce roman initiatique

Ce roman d’initiation relate le voyage d’un jeune garçon qui accomplit une mission. Celle d’aller battre le tambour avec des gens à la fois proches et lointains. Qu’ensemble ils puissent interpeller les autres, les Blancs, qui menacent l’équilibre des Premières Nations. Afin de les faire rentrer dans la roue de guérison, pour que s’accomplissent les prophéties. Il prend pour cela la route des couleurs des habitants de la terre, qui n’est pas exempte d’épreuves. Il y rencontre son esprit protecteur et sa destinée d’homme médecine. Le chant du tambour parle de la culture et de la spiritualité des Amérindiens, basées sur le respect.

roman initiatique le chant du tambour, Jean-Luc Bremond
Roman de quête chamanique : la roue de médecine

Chroniques

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Babelio

Alors cette histoire est paradoxalement très douce et très dure !

Nous découvrons Achack, jeune algonquin, qui va devoir entreprendre son initiation. Et il va devoir affronter bien des épreuves pour arriver au but de son voyage. 

Ce n’est pas le genre de lecture que j’ai habituellement mais là c’est tellement prenant, le voyage est tellement captivant.
On est à côté de ce jeune indien tout le long, on a peur, on compatit, on est peiné, on est content, soulagé, fier et heureux.
On le suit dans son parcours et on souffre avec lui comme on vit sa joie et ses victoires.

La plume de Jean-Luc est fluide, douce, pudique. Il nous enveloppe dans son univers et celui de son personnage. 

La structure du livre est parfaitement équilibrée, divisée en plusieurs parties correspondant aux étapes du voyage, divisées elles même en chapitres courts ( pour moi c’est très important).

Voyagez aux côtés de Achack, embarquez dans une culture aussi belle que fascinante, aussi douce que respectueuse, aussi forte que fragile. 

SuzetteinBooks

Roman initiatique : citations

Quelques extraits du roman d’apprentissage le chant du tambour

Le rêve

Allongé sur le dos, Achack regardait le ciel où tournaient les planètes; à l’exception de l’étoile du nord qui restait fixe pour orienter son peuple. L’image d’Alsoomse hantait son esprit. Il se remémora son rêve, celui du tambour qui chantait la lune, la terre et la féminité. Il ne sut plus quoi penser. L’objet était presque prêt alors que son voyage n’avait pas encore commencé. Il rêvait sans arrêt sans qu’aucun animal ne vienne habiter ses visions. Lui fallait-il jeûner plus longtemps ? Le désespoir gagna le garçon. La percussion inachevée l’éloignait de ses responsabilités dans son clan; celui de son rêve lui faisait espérer l’union et la paternité. Dans son songe, l’instrument chantait l’amour. Alors il le battrait nuit et jour jusqu’à ce qu’il le conduise à celle qu’en tant qu’homme il devra aimer. Fermant les yeux, il se rendormit avec cette agréable et satisfaisante pensée.

Le chant du tambour 5 sens éditions

La baleine

Un fracas percutant, un tremblement du fleuve, une explosion de ses eaux ! Achack jaillit de sa couche et se saisit du couteau qu’il gardait toujours sur lui. Debout, vêtu de son pagne, ses deux pieds plantés sur le sable mouillé, les yeux écarquillés, il chercha à comprendre d’où venait le danger, la masse qui avait bien pu faire un tel bruit ? Une sirène, au son grave et caverneux, retentit dans le couchant rouge sang sur l’eau rubis. Encore un de ces bateaux sans rames sillonnant continuellement le fleuve ! Achack resta bouche bée. Fleuve, berges, forêts et monts s’embrasaient, un grand incendie dans le soir tombant. Au centre des flammes grenat, sur les braises incandescentes, le corps cramoisi, l’Algonquin ne savait s’il flambait ou rêvait. Un songe ? Non, le début de la saison chaude, précoce comme l’avait été la saison froide, empourprait le mois de mai. Un signe ? Oui, les couleurs enflammées indiquaient à Achack qu’il avait pris la direction du rouge de l’été.
Un grand geyser jaillit des eaux sanguines, suivi d’une masse sombre bondissant dans le ciel rutilant. Elle vrilla et retomba dans une gerbe tumultueuse d’écume. Une baleine ! Un rorqual venu du Labrador faire des provisions de planctons dans les eaux douces et salées de l’embouchure du Saguenay. Achack jubila. Émerveillé par les bonds spectaculaires du poisson géant, il entendit la messagère du Grand Esprit le conjurer de faire comme elle, d’avoir l’audace de sortir des eaux rassurantes de son nid pour s’élancer dans l’inconnu de la vie. Affaibli par son jeûne, Achack s’immergea dans des rêves rubescents. Toujours pas de visions d’animaux !

Le chant du tambour 5 sens éditions

Exposition

Sous les quelques nuages nivéens laissant espérer la pluie, oiseaux blancs, aigrettes, bécasseaux, balbuzards, goélands, pélicans volant dans le ciel éclatant, l’océan Pacifique, parsemé de voiles immaculées voguant dans la paix, battait la plage opaline enfarinée de sable lacté. Achachak, Tadi et Ahote contemplaient le paysage radieux de la baie de San Francisco soufflée par le vent sec et chaud du désert.
Quel réconfort après deux mois de brouillard quasi permanent ! Voilà sept mois que les Natifs du monde entier étaient exposés à la multitude de curieux venus assister à la conquête de l’univers par leurs armées et marchands. Les captifs avaient traversé les premières pluies du printemps et la canicule de l’été dans l’attente de leur prochaine libération. En vain, le parc des expositions ne désemplissait pas, atteignant le chiffre record de dix-huit millions de visiteurs ! Novembre, aucun signe ne laissait espérer la fin de l’événement. D’une voiture, carrosserie crème et portières ivoire, stationnant devant l’enclos des premières Nations, des policiers descendirent avec un adolescent récalcitrant.
Les trois camarades se rapprochèrent de la porte grillagée. Le prisonnier, cheveux courts, le corps maigre parcouru de tics nerveux, le regard fuyant révélant la peur, rentra effarouché dans le corral des Amérindiens. Achachak s’avança vers lui, avenant et souriant.

Le chant du tambour 5 sens éditions

Roman initiatique : extraits

Achack regarda avec crainte les canoës accoster au bord d’un petit lac. Depuis une demi-lune, il attendait l’instant de séparation, le moment où son père lui dirait : « va maintenant, c’est le temps. Tu nous reviendras après avoir jeûné quatre jours, seulement quand tu auras eu ta vision. »

Initiation

Après avoir hissé et retourné leurs embarcations sur le sable, les canotiers se chargèrent de confectionner les wigwams : branches et écorces de bouleau pour l’extérieur, aiguilles d’épinettes pour tapisser le sol. Avant qu’Achack foule la berge investie de sacs déballés, de vêtements mis à sécher, un brasier crachait déjà sa fumée. Les hommes semblaient vouloir rester longtemps en ce lieu, serait-ce enfin pour eux le temps de pister le caribou ?

Le chant du tambour
Roman initiatique

Le loup

Durant le repas, alors que le ciel s’embrasait avec éclat, Achack fit le bilan de ces lunes passées en compagnie des chasseurs. Bien que le plus jeune, aucun d’eux ne l’avait taquiné pour sa différence d’âge, bien au contraire, ils l’avaient considéré comme un des leurs, lui témoignant respect et amitié. Achack allait devoir bientôt les quitter, cependant il ne se sentait pas prêt. Sa révolte était tombée, la peur avait repris le dessus, il attendait résigné le signal de son paternel pour aller s’isoler. D’instinct, il tourna la fête. Deux étincelles brillaient dans l’obscurité, à l’orée de la dense et profonde forêt. Un loup. Ahanu vint retrouver. Achack, il lui serra doucement le bras.
« Que t’enseigne le loup ? »

Interprétation

Achack réfléchit un long temps, puis il finit par hausser les épaules.
« La loyauté et la fidélité à ton clan, comme il l’est lui-même à sa meute », répondit à sa place le chef.
L’adolescent frémit d’appréhension, son heure était venue. C’est en faisant sa quête qu’il devra prouver ces deux qualités à son peuple. Il se sentit alors le courage d’entreprendre ce que tous les jeunes devaient affronter, la faim, la solitude et la rencontre avec son esprit protecteur. Soudain plus serein, il ricana de joie. Le loup n’était pas seulement proche de sa meute, mais également de sa compagne, pour la vie. Achack était désormais certain de retrouver Alsoomse malgré les détours du chemin, il avait confiance dans le cercle de la vie, dans le Grand Esprit qui, à l’aide de ses gardiens, conduisait les amoureux à la promesse d’une vie à deux. Amoureux ? Il était bien trop tôt pour le dire. Il avait pour Alsoomse une grande affection, il savait qu’elle lui était profondément attachée. Heureux de voir l’humour prendre le pas sur la peur qu’il savait être son ennemie, Ahanu était fier de son fiston, il le sut prêt à faire son passage. Il était également anxieux, il n’avait pu le préparer davantage à ce que les esprits attendaient de lui.

Le chant du tambour 5 sens éditions
roman initiatique le chant du tambour
Esprit de l’aigle

Roman initiatique Légende

Les machines s’arrêtèrent brusquement. Une autre ville, un autre chargement ? Un grincement métallique suivi d’un grand coup réveilla les prisonniers. Le bruit effrayant d’un rapide sur la roche, d’une cascade se fracassant sur les flots, acheva de les alerter. Les choses n’en restèrent pas là. Les eaux semblèrent quitter le lit du fleuve, le bateau tomba brutalement dans le néant pour se retrouver en équilibre sur sa quille. Le navire ne chavira pas, quel était ce mystère ? Un gémissement d’une porte rouillée et les moteurs repartirent à nouveau. S’échappant du piège où il était tombé, le paquebot poursuivit sa course comme s’il voguait désormais sur un étang. Un bruissement de soulagement parcourut les détenus. Ils ne pouvaient comprendre qu’ils avaient traversé là une écluse et qu’ils voyageaient à présent sur le canal de La Chine.
« Encore une invention des Blancs, je pensais que plus rien ne pouvait me surprendre de leur part, eh bien je m’étais trompé ! », s’exclama Abooksigun.
Fatigué d’une courte nuit, ne trouvant le sommeil qu’au petit matin, Achachak s’étira. Il observa son compagnon, assis en tailleur, perdu dans de lointaines pensées.
« Me raconteras-tu la prophétie de la femme Bison Blanc ? »
Comme son oncle conteur de légende, foudroyant du regard celui qui interrompait le fil de son histoire par des questions déplacées, le vieil homme le dévisagea en plissant des yeux

Prophétie

« Tu es obstiné, pourtant je vais te la conter. Écoute attentivement. »
Il marqua une pause.
« Lors d’une chasse, une très belle fille apparut à deux jeunes Lakotas affamés, de la tribu des sans arcs. Elle était vêtue de blanc. L’un des chasseurs reconnu en elle un être sacré, il baissa les yeux. Son compagnon, quant à lui, ne put s’empêcher d’approcher la jeune fille, malgré les avertissements de son frère. Percevant l’intention amoureuse du garçon, elle l’invita à venir se coucher contre elle. Il ne se fit pas prier. À peine eut-il entrepris de faire l’amour que, soudain, un nuage de poussière s’éleva sur la terre. Quand il se dissipa il ne restait du galant qu’un tas d’os. La femme s’approcha alors du chasseur qui lui avait manifesté du respect. Elle lui expliqua que son frère avait été puni pour son manque d’humilité. Elle l’exhorta à aller retrouver les siens pour leur annoncer sa venue, elle avait un message de la part de l’esprit du bison, elle leur enseignerait les sept façons de prier. Le clan devait au préalable dresser un tipi, l’ouverture orientée vers l’ouest, un sol remplit de sauge, trois bâtons, deux dressés, un couché, un crâne de bison exposé et un carré de terre tassée.
Elle vint comme elle l’avait dit, au lever du soleil, une pipe sacrée dans ses mains. Assise devant un auditoire attentif, elle enseigna aux Lakotas comment prier. Elle leva d’abord la pipe à l’ouest, elle fit une prière aux oiseaux, puis elle leva la pipe au nord, elle fit une prière au vent, au cercle de la vie, aux quatre directions. Elle leva la pipe à l’est, la prière fut pour le soleil levant. Elle leva la pipe
au sud, elle fit une prière au monde des esprits. Enfin elle leva la pipe au ciel et pria pour le peuple du bison. Elle leur transmit les sept rituels sacrés, je ne peux pas te les dire. Je sais qu’ils sont proches de ceux de ton peuple et du mien. Elle recommanda aux hommes d’être bienveillants envers ceux qui sont sans défense, elle exhorta les femmes à demeurer bienveillantes envers tout ce qui vit. Elle parla enfin aux enfants, afin qu’ils veillent à transmettre la voie de la pipe aux prochaines générations. Elle se releva et se transforma en bison noir. Elle se coucha et devint un bison jaune. En marchant à nouveau elle se métamorphosa en bison rouge, en se roulant au sol elle apparut au clan en bison blanc.

La prophétie fut ainsi transmise au peuple Lakota. Tu comprends, Achachak, la signification des couleurs, ce sont les quatre directions, elles correspondent également aux différents peuples qui
habitent l’univers. Alors maintenant tu sais que la femme bison était issue de la nation des Blancs. Cette prophétie annonce que les peuples de couleurs différentes doivent s’unir et prier ensemble pour rester bienveillants envers la création. Elle n’est pas sans rappeler, à ce que j’en ai com-
pris, celle de ta Nation. »

Achachak fut impressionné par les connaissances de son aîné. Au risque de lui manquer de respect, il devait maintenant l’interroger.
« Si désormais je porte ton sac-médecine, alors je dois connaître ta vie, celle qui t’a conduit jusqu’ici. »
Le sachant incapable d’impertinence, plutôt timoré à l’idée de s’imposer dans le monde des grands, le Malécite choisit de satisfaire la curiosité de son compagnon. Il
toucha le sac en cuir qu’il avait échangé avec lui. Que connaissait-il de son l’histoire ? Pas grand-chose en fait. Avait-il besoin de le savoir ?
« Par quoi veux-tu que je commence ?
– Que tu me dises pourquoi tu es habillé comme les Blancs ? »

Roman initiatique Le chant


Abooksigun fut désarçonné par la question du jeune Algonquin, il ne s’était jamais à ce point senti différent des autres Autochtones. Il devait bien admettre la légitimité de la question de l’adolescent, le seul ici à porter les jambières, le pagne, la tunique et les mocassins pour soulager les pieds
trop longtemps maintenus dans leurs bottes, ignorant les casquettes, pantalons et vestes distribués dans les réserves pour les Natifs du Canada.
« Les Innus que tu as rencontrés ne portaient-ils pas au moins un des vêtements des Blancs, comme ceux avec qui du voyage à présent ? se défendit le vieil homme.
– Pas tous les habits en même temps, on dirait que tu vis parmi eux, que tu es l’un d’eux.
– Tu vois juste, seulement c’est un peu plus compliqué. Quand j’étais bien plus jeune, moins que toi, je devais avoir vingt fois treize lunes, aujourd’hui j’en ai trois fois plus, j’ai quitté ma réserve. J’ai voyagé vers le nord-ouest. Je n’avais aucune mission, seulement le besoin de m’échapper
du village où on nous avait forcés à rester, parqués loin de nos territoires ancestraux, là-haut, où les eaux de l’océan se déversent dans le fleuve aux grandes eaux. J’étais pourtant un homme-médecine, je rêvais tous le temps et ma médecine était le chant. Les miens n’ont pas compris pourquoi
je les abandonnais, qu’importe, j’avais faim de liberté ! Lors d’une de mes nombreuses visions, j’ai vu l’ours blanc ! Il me parlait distinctement, des paroles qui m’ont inspiré un chant.

Je suis arrivé à la grande baie blanche, là où vivent les Inuits. J’ai vécu longtemps parmi eux, ils m’ont appris à chasser l’ours blanc. Un jour, ils m’ont laissé seul affronter
l’animal. J’ai pisté la bête durant quatre jours, sans manger et sans boire, en me dirigeant toujours vers l’ouest, avec comme guide les traces dans la neige et les paroles de mon chant. Je me suis très vite rendu compte que ce n’était pas moi qui pistais l’animal, mais lui qui me poursuivait ! J’ai eu
très peur, je ne pouvais plus avancer, j’étais traqué, j’étais devenu sa proie. Je me suis mis à l’abri derrière une roche et j’ai attendu une journée.

Comme rien n’arrivait, j’ai commencé à chanter. Après tout, l’esprit de l’ours avait
bien inspiré mon chant et m’avait conduit jusqu’à lui, alors peut-être pouvait-il m’épargner. Sans doute ma médecine était trop forte, mon chant trop efficace, car il attira l’animal jusqu’à moi. Il me fit face, énorme, monstrueux, effrayant ! Il était debout, les deux pattes battant l’air, comme s’il chassait des mouches, plus jaunâtre que la glace. Je n’avais qu’une lance et un couteau pour combattre la bête ; le courage m’a manqué. J’étais tétanisé, je pensais que c’était la fin. J’ai alors fermé les yeux, prié et attendu la mort sans faire le moindre mouvement. J’avais vingt fois douze lunes, il ne me restait plus qu’à remercier le Grand Esprit de m’avoir permis de vivre si longtemps. »
Le vieil homme rit.
« Et alors ? demanda l’Algonquin captivé.

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