Cap exil, un prochain roman. Nouvelle-Orléans, États-Unis. Août mille huit cent vingt-deux.
Cap exil : quelques extraits
Voici quelques passages en gestation de mon prochain roman
La mangrove
Massoma marchait dans la mangrove au milieu des petits arbres aux pieds inondés. Son père était devant, avec son oncle et Bonam. La mousson soufflait violemment. Fatigués et trempés par la pluie, les chasseurs avaient les jambes enfoncées dans l’eau, sans refuge pour se protéger de l’humidité, ni même se sécher. Qu’importe, ils étaient trop heureux d’être ensemble.
À la suite des aînés, il traversait la dense forêt aux arbres géants, pleine d’écureuils, d’oiseaux et de serpents. Luttant contre les lianes qui entravaient ses pas, craignant de rencontrer des éléphants, la peur au ventre de se perdre sous l’épaisse frondaison lui cachant le ciel et le soleil lumineux, il peinait à les suivre. Il suffoquait, tant la chaleur était forte et humide ; son corps nu brûlant sous l’emprise de l’harmattan. Son père s’arrêta. Il indiqua la montagne des Dieux, ou du tonnerre, cracheuse de feu. Prenant la main de son cousin, ses yeux plongeant vers le haut sommet, il s’imprégna de sa majesté et sourit devant sa beauté. Il la compara à son paternel, le grand guerrier.
Cap exil : la mousson
Mpesa expliqua à Massoma qu’elle avait adopté la foi de ses maîtres ; sa religion dont elle était très fière. Sur les habitations, les esclaves chantaient et dansaient au rythme du tambour. Ils n’oubliaient pas qu’ils étaient Africains. Comme ses copains. Le contremaître était sans pitié avec eux. Malgré la hauteur des tiges, ils remplissaient très vite leur panier de fleurs ouvertes, afin de ne pas être fouetté. Ils devaient faire attention de ne pas casser les plantes ; sinon c’était la punition. Les aînés les ont aidés ; c’est pour cela que leur hotte était toujours pleine pour l’égreneuse. Après, ils vidaient leur charge dans le hangar où ils foulaient le coton. Autrefois, elle n’était pas une bonne cueilleuse. Elle était souvent cravachée parce qu’elle n’apportait pas assez de quantité.
« Comment ton maître élève-t-il ses gamins ? changea-t-elle brusquement de sujet.
— Il est comme une mère » gloussa Massoma.
— Way maman ! C’est ce que je pensais. Néanmoins, même si l’éléphant est maigre, il reste le roi de la forêt. »