Qui sont les Tziganes? Quelques notes à propos des personnes rencontrées par Elijah, le klezmer de mon roman : La révolution du Klezmer.

Les Roms
Qui ne touche pas
C’est à partir des années 1980, sous Ceausescu, que les nomades tziganes de Transylvanie ont été systématiquement sédentarisés, obligés de vivre juste en dehors des villes et des villages où ils se sont spécialisés dans la ferblanterie et zinguerie. Certains se sont installés dans les bourgs saxons, Souabes, Landlers…, ou plus simplement Allemands, fuyant jusqu’en 1989 le régime totalitaire qui s’est ainsi enrichi par l’immigration payée par l’État allemand. Comme par le passé, ils nouent des liens entre les différentes familles des Roms.
Le nom Tzigane signifie : qui ne touche pas ; une appellation venue de la lointaine Anatolie (Phrygie.) Ils se nomment eux-mêmes les enfants des Rroms (autre orthographe), ou Romanichel.
Qui sont les Tziganes? Autochtones
Originaires d’Inde, les Tziganes, de langue romanès, se sont finalement bien enracinés en Transylvanie, composées de plusieurs minorités dont ils se sentent plus proches que les Tziganes du reste de la Roumanie, au point de nommer leur lieu d’ancrage depuis des générations, une ville ou une région, comme leur maison ; bien que n’affirmant pas, comme les autres peuples transylvains (hongrois, moldave et valaque), leur identité légitime sur le pays, ils sont avec eux condescendants envers la pauvreté des Roumains. Comme eux, ils se considèrent autochtones transylvains depuis la nuit des temps.
La route
À la fin du haut Moyen Âge, les Rroms se sont mis en chemin en danse, chant et musique, depuis l’Inde en passant par la Perse, jusqu’en Grèce, Roumanie, Bohême, Hongrie, Allemagne, Suisse, France puis en Espagne, pour nommer quelques pays, où, au fil des siècles, ils sont tolérés, expulsés en Afrique du Nord et même au Brésil, condamnés ou sédentarisés ; pour beaucoup la route s’est arrêtée dans les camps d’extermination.

Qui sont les Tziganes? Une Nation
Dans mon roman, la révolution du klezmer Un petit mot sur la musique klezmer, je mets en scène des tziganes hongrois, un clan soudé, des musiciens attachés à leurs chevaux, montreurs d’ours, nobles et respectables. En mille neuf cent vingt, ils ne formaient pas encore une nation, à l’instar des nobles ancestraux du pays, pour signifier leur fière respectabilité et la fin de leur esclavage en mille huit cent quarante-huit, puisque cette affirmation identitaire date de la fin de la révolution de mille neuf cent quatre-vingt-neuf. À l’époque où se déroule l’histoire d’Elijah, le costume des Rrons n’étaient vraisemblablement pas celui d’aujourd’hui, comme nous pouvons le voir en traversant les contrées transylvaines : chapeau en feutre à large bord et gilet pour les hommes ; jupes plissées et robes très colorées pour les femmes. Peut-être les hommes portaient-ils les longues moustaches hongroises qu’arborent aujourd’hui les pasteurs protestants réformés de cette région.
À qui appartiens-tu ?
Quand ils se rencontrent, les Tziganes s’interrogent sur leur appartenance. Ils sont donc reliés par lignage et membres d’un même peuple. Leurs noms de famille définissent leur lien à un aïeul commun, jusqu’à cinq générations et sur un territoire défini ; parfois le couple est relié au même ancêtre, il est alors plus noble que les autres. La carriole tirée par un cheval les a un jour emmenés en ce lieu précis, alors qu’ils recherchaient du travail ; quand ? Qu’importe !
Qui sont les Tziganes? La musique
Outre le chant et la danse, omniprésents dans la vie des clans, le violon, contrebasse, cymbalum, clarinette, accordéon et guitare accompagnent les veillées autour du feu ; en Transylvanie, les instruments à cordes prédominent. La musique est un brassage de mélodies locales ou des régions jadis traversées, mais avec un jeu propre aux virtuoses de la rapidité et de la mélancolie entrelacées, l’expression de la liberté et de l’improvisation. On retrouve aussi les musiques dans les villages avec les tarafs (orchestre de fanfares) locaux, où les instruments à cuivre supplantent ceux à cordes, les cabarets, lors des festivités…Les Tarafs sont plutôt présents en Moldavie roumaine.
Les danses et les chants
En couple, un, deux ou plus. Des petits pas vifs sur deux temps. La femme tourne sans cesse : deux temps sur place, deux temps tournés. L’homme piétine sur deux temps. Il frappe des mains et puis les cuisses ou les chevilles. Certaines danses ont été chorégraphiées par des « gadjos » comme sur les deux chants suivants.
Keren, savorále, drom Traduction
Keren savorale drom, |
Faites place, les enfants, |
Ce chant est dans le répertoire du groupe Ando Drom.
Mori Shej Traduction
Buter káj egy berseszki szán, |
Oh ma fille |
Ce chant est dans le répertoire du groupe Kalyi jag.